jeudi 16 octobre 2014

La toute relative notion d’outils d’information par la STIB

Depuis quelques semaines, nous voyons fleurir dans les stations de métro bruxelloises des écrans publicitaires animés. Rien qu’à la station Louise, ils sont au nombre de 10, et il y en aura bientôt 160 dans les stations les plus fréquentées. 


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"Ces panneaux plus modernes et interactifs permettent de montrer davantage de publicités, puisqu’il y en a six qui peuvent tourner sur un même support dont une qui sera systématiquement réservée à la Stib pour ses campagnes"
, précise Cindy Arents, porte-parole de la Stib dans La Libre d’il y a 15 jours.
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Du côté de la Stib, on ne se cache pas de jubiler devant cette brillante avancée permettant d’afficher donc d’avantage de publicités aux voyageurs d’un réseau saturé et entièrement financé par les bruxellois. 
Fantastique, il y a plus de pubs, donc plus de “rentrées financières" (c’est la STIB qui le dit ici, tout tout tout en bas). On va donc avoir d’avantages de trams, moins d’attente, des stations plus clean, bref un meilleur service.
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A condition que cette nouvelle manne financière (dont les montants estimés restent inconnus/introuvables) arrive au bon endroit…
Dans une capitale, la pression publicitaire est bien entendu plus forte que partout ailleurs. Les mass medias présents à Bruxelles ont les moyens d’ accentuer encore cette pression, car 2000 messages publicitaires par jour n’est probablement pas assez pour le commun des mortels citadins. Dès lors, ces panneaux publicitaires, vendus comme interactifs, est un marché remporté pour 12 ans (!!!) par JCDecaux, et qui vise donc à “moderniser” les supports publicitaires. A une époque où la durée de vie moyenne de nos smartphones et tablettes se situe entre 2 et 3 ans, c’est plutôt pas mal comme espérance de vie pour une dalle interactive…
Mais bref, s’il est encore trop tôt que pour se poser des questions quand aux capacités de négociations de la Stib face à une multinationale, rappelons que le marché remporté parJCDecaux ne concerne que le placement (et l’entretien? et les frais de fonctionnement?) de ces dalles futuristes. Le contenu, donc la pub, est géré par ClearChannel, filiale du mass media américain iHeart Media Inc.

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Avec toutes les cylindrées rutilantes de la publicité, nous sommes en droit de nous poser la question suivante : quelle est la part réelle des rentrées financières de ces nouveaux ‘outils d’informations’? 

La Culture du FAIL

N’en déplaise à certain, la Stib a un réel rôle social dans la capitale. Sans vouloir ouvrir un débat sensible, l’intercommunale bruxelloise est, et elle le rappelle souvent, un vecteur d’emplois importantissime pour des catégories de personnes qui ne trouvent pas (et ne trouveront peut-être jamais) d’emploi en dehors de ce type de structures. Des emplois nécessitant peu de qualifications, servant souvent de premier emploi à des jeunes coincés dans l’absurdité de pièges à l’emploi tant décriés ces dernières années. Toujours selon l’article de la Libre Belgique, un utilisateur lambda affirme : "Je trouve cela assez pratique puisqu’on ne doit plus venir changer les affiches. C’est mon avis de chef d’entreprise." 
Remplacer donc le capital humain par des panneaux animés ne fera en plus que renforcer ce sentiment d’absence constante de personnel dans les stations de métro à Bruxelles. Les dernières interactions avec du personnel de la Stib se limitant le plus souvent à des échanges brefs derrière des vitres épaisses (même les banques ont cessé cela…)
L’avenir de ces « jobs » (s’il vous plaît ne parlons pas d’emploi) fournis par la Stib pourrait donc être menacé par des avancées technologiques que les navetteurs n’avaient pas demandées. Les profils (et salaires) de ces jobs sont biens éloignés des ‘Business Unit Manager Direct Sales’  et autres ‘Key Account Manager’ des beaux bureaux de ClearChannel Belgium. La STIB a-t-elle visé juste sur ce coup-ci?

La Culture du REFAIL

Qu’avons nous vu depuis l’installation de ces outils d’informations, en terme de contenu? Des temps d’attentes affichés en grand, des informations services, des cartes animées, de l’art, etc.
Ah non pardon, en fait on n’y a vu que de la pub.
Et pas vraiment variée :
• JCDecaux qui vante ses mérites et ses brillants outils
• Une capsule vidéo de 5 secondes nous invitant à télécharger Time Jump, l’application retraçant les 60 ans de la Stib (a-t-elle du payer pour afficher ces pubs?)
• Villo!, qui outre de promouvoir l’utilisation du vélo à Bruxelles est en partenariat avec la Stib via leur carte Mobib (ici aussi, Vilo! a-t-elle du payer?)
• Et puis Belfius, prix Nobel 2012 de l’amateurisme en communication d’entreprise.

Bref, si rentrées financières il y a, ce ne sera certainement pas de quoi engager une armée de nouveaux collaborateurs ni de quoi désodoriser les wagons du métro en heure de pointe. 4 annonceurs, à coup de 6 publicités la minute, on est proche du matraquage.
Ces panneaux animés auraient donc pour l’instant manqué leur(s) cible(s). “Ils viennent d’être installés" nous dira sûrement la Stib. Oui mais le contrat d’exclusivité avec JCDecaux date de janvier 2014. Apparemment, pour ces experts de la comm’, 9 mois pour préparer des campagnes de pubs vidéo, ce n’est pas assez.
Peut-être souhaitez vous connaître les futurs annonceurs. Je parie pour ma part sur ING, Proximus, et encore un peu de Time Jump.

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Alors que quelques unes arrivent encore à exister, verrons nous les magnifiques affiches du Théâtre Varia sur ces panneaux animés? Ou la prochaine expo du Musée Fin de Siècle? Tout dépendra des tarifs qui seront proposés par ClarChannel, qui préféra probablement privilégier ses petits partenariats de longue date avec les grosses enseignes plutôt qu’avec la culture bruxelloise.
La Stib n’aurait-elle pas pu ajouter quelques lignes dans sa famélique charte publicitaire afin de garantir quelques aspects sociaux et culturels dans leurs espaces publics? A se demander si la Stib est toujours bien une intercommunale, et valorise encore Bruxelles.
Tiens d’ailleurs, ce matin même, j’ai reçu un sachet de Royco Minute Soupe, distribué par des students habillés en clowns rouges, positionnés devant les portiques d’accès aux quais à Louise. Royco dont la campagne actuelle nous invite à prendre des pauses (via leur Pauze Manager), des fois qu’on serait stressés et oppressés par des messages divers.
Pression publicitaire vous avez dit?

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Mise à jour 17 octobre 2014 : la réponse de la Stib en vert.


Bonjour David,

Comme promis, nous revenons vers vous suite à votre article au sujet de l’installation de nouveaux écrans publicitaires dans nos stations.

Plusieurs éléments nous ont interpellés et, pour la bonne information de tous, nous tenions donc à revenir dessus.

Tout d’abord, il faut savoir que la publicité dans nos stations n’est pas neuve du tout.

L'accumulation de publicité était le propos du post... 

Auparavant, la gestion des espaces publicitaires était gérée par la société MTB, détenue à parts égales par la STIB et CLEAR CHANNEL. Ce n’est plus le cas depuis janvier 2014, étant donné que cette tâche a été confiée à JCDecaux.

En fait le marché a été remporté par JCDecaux le 21 janvier, soit le même jour que la présentation des nouveaux projets d'outils d'information.

Nous ne travaillons donc plus avec Clear Channel. Vous trouverez de plus amples informations à ce sujet dans la revue de presse sortie à cette occasion : http://www.stib-mivb.be/pressreleases.html?guest_user=guest_fr&news_rid=/STIB-MIVB/INTERNET/ACTUS/2014-01/WEB_Article_1390379064028.xml.
Qui dit nouveautés, dit projets, ce qui nous amène à ces fameux écrans publicitaires florissant dans plusieurs de nos stations. Avec ces nouveaux dispositifs, nous entendons animer ces espaces de vie en mettant des supports plus modernes à dispositions de nos voyageurs.

Outre ces écrans publicitaires, 70 bornes interactives viendront également contribuer à la modernité de nos stations. Celles-ci auront pour vocation d’offrir un outil d’information aux voyageurs, dans cette optique générale de convivialité et d’évolution.

D’un point de vue financier, la publicité permet de trouver des ressources autres que celles émanant de la vente des titres de transport et des subventions. La STIB se veut transparente à ce sujet,  c’est pourquoi un rapport financier reprenant nos différentes recettes et dépenses est publié chaque année. Vous trouverez celui-ci sur notre site internet, dans la rubrique « Nous connaître > Chiffres clés > Rapport d’activités et financiers » : http://www.stib-mivb.be/irj/go/km/docs/STIB-MIVB/INTERNET/attachments/Rappport_Financier/STIB_Rappport_Financier_2013.pdf. Soulignons par ailleurs que c’est plutôt une bonne chose pour nos voyageurs et les contribuables que le financement de nos services ne repose pas exclusivement sur leurs épaules.
 
Effectivement, les (ridicules) rentrées publicitaires sont indiquées ici (pour 2013), mais pas les prévisions pour 2014 avec ces panneaux supplémentaires.
Notons également que nos écrans publicitaires ne signifient pas la disparition des affiches

Cela confirme donc l'augmentation de publicités.

; seules certaines stations sont concernées par cette nouveauté et ces deux supports pourront tout à fait y coexister. De plus, les emplacements publicitaires sur notre réseau sont gérés par JCDecaux, le personnel de la STIB n’aurait donc en aucun cas pu être impacté.

"Gérés" = également les frais d'électricité et d'entretien? Auquel cas, les laveurs d'écran seraient des employés JCDecaux?
Parallèlement, les emplacements de Métro Agenda, mis à disposition dans des conditions très avantageuses, sont dédiés à la publicité culturelle. En effet, la STIB se veut être un partenaire de la vie culturelle bruxelloise, en témoignent nos nombreux partenariats à l’occasion d’événements tels que la Nuit Blanche, Couleur Café, le Brussels Summer Festival, etc. Pour de plus amples informations sur les conditions d’affichage de Metro Agenda, vous pouvez les contacter au 02/223.20.20.

Il y a donc un support additionnel contenant la publicité culturelle.
Et les partenariats, sont-ils noyés dans le très nébuleux "Services et Biens divers" (page 10 + compte de résultat du rapport financier)? Parce que ce rapport financier ne fait part d'aucune activité culturelle.

En espérant que ces quelques précisions vous permettront de faire la lumière sur certains points, nous restons bien entendu à votre disposition pour tout complément d’information.

Il nous reste à vous souhaiter une agréable fin de semaine et, bien entendu, d’agréables voyages sur nos lignes.

Cordialement,
 
STIB – Customer Care


Conclusion
Remercions la Stib et son personnel de cette réaction, même s'il est évident que cette réponse est volontairement peu précise... Il y aura donc bel et bien d'avantage de publicité, gérée par JCDecaux, et nous n'avons toujours pas d'idée précise sur les avantages financiers que la Stib compte en retirer.

Au moins, ils sont débarrassés de ClearChannel (mais ont signé pour 12 ans quand même avec JCDecaux....).

Autre correction par rapport au post d'hier : les panneaux animés actuels passent uniquement des modules vidéos de 5 secondes, et à Louise en tous cas ne concernent que les 4 "annonceurs" (JCDecaux, Villo!, Time Jump et Belfius). Cela fait tout de même 15 passages la minute, fois 10 panneaux à Louise, sur une durée d'exploitation quotidienne de 7h à minuit. On dépasse les 15.300 matraquages par annonceur.
Mais ça va rapporter des sous, hein.



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