jeudi 16 octobre 2014

Pourquoi les images des otages décapités sont-elles si "efficaces"?




Dans la culture occidentale, nous avons acquis les règles des contrastes de couleurs selon les théories d'Itten, et notamment les principes efficaces des contrastes complémentaires (ou opposés).


Bien que cet axe des couleurs ne soit pas reconnu dans toutes les cultures (au Japon par exemple, la couleur ultime est la rouge, alors que nous continuons d'apprendre très tôt le principe de couleurs 'primaires'), c'est ce principe de mélange des couleurs qui a été adopté dans la plupart des techniques d'impression et de communication. Regardez les couleurs de vos cartouches d'imprimantes, et vous comprendrez aisément l'influence que les théories (certes non-abouties) d'Itten développées il y a moins d'un siècle font désormais partie du quotidien qui nous entoure.


En terme de contraste complémentaire, le contraste bleu-orange est celui qui est le plus plaisant à l'oeil humain. C'est la raison pour laquelle qui que nous soyons, sommes et serons toujours charmés par un couché de soleil, surtout si celui-ci navigue dans la palette la plus large entre le bleu et l'orange le plus pur (contraste de couleur en soi).


Les publicitaires, graphistes et photographes l'ont bien compris et ces principes sont inculqués lors de formations telles que je les dispense depuis quelques années.

Nous sommes littéralement noyés quotidiennement dans ce contraste complémentaire bleu-orange, sur-exploité par l'industrie cinématographique ainsi que la grande distribution.



Et ce pour la simple raison que ce contraste est plus efficace, plus marquant, plus vif. Notre oeil ne pouvant fixer deux couleurs contraires en même temps, celui-ci se voit balancé d'un point à l'autre de cet axe de couleurs, créant une sensation visuelle de vibrance, et donc, d'interpellation.
Les atroces images des otages en passe d'être décapités que nous voyons malheureusement fleurir dans nos médias ces semaines-ci ont tendance à jouer sur ce principe de contraste. Nous déplorons déjà la maîtrise évolutive des techniques de communication des terroristes, et pourrions imaginer que, même sans avoir pour autant acquis les principes théoriques d'Itten, ces terroristes n'en sont pas moins sensibles aux mêmes principes visuels que chacun d'entre nous. Ils auront dès lors décelé l'impact visuel d'un contraste complémentaire vif rendu entre un ciel bleu et une tunique orange. D'autant plus si, un message additionnel (un titre, un objet,...), un message d'importance, est inséré dans ce contraste sous sa couleur la plus pure : le rouge...

Si ces images nous marquent autant de par leur contenu absurde et inhumain, il en va de même par l'attirance médiatique que ce contraste peut créer. Pourquoi ces images d'otages sont-elles plus marquantes, et donc efficaces, que des photos boueuses, brouillons et grises de charniers en Afrique ou en Europe de l'Est?


Si les experts de la communication ont compris l'impact visuel d'un contraste complémentaire depuis longtemps, ce même contraste peut faire qu'actuellement quelques victimes de barbaries moyenâgeuses marqueront plus 'efficacement' notre année médiatique que les milliers de victimes d'autres conflits armés moins mis en scène.

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